Le déplacement des participants au Bal des Quat’Z’Arts, dans le lieu où celui-ci doit se dérouler, mouvement appelé usuellement « la montée au Bal », ou également, « la ballade sur le boulevard », est une séquence singulière et marquante de cette fête institutionnelle datant, pour mémoire, de 1892.
Rappelons tout d’abord que le Bal des Quat’Z’Arts, organisé par un Comité élu chaque année parmi les élèves peintres, sculpteurs, architectes et graveurs de l’École des Beaux-Arts de Paris, a lieu dans une salle louée pour l’occasion, salle éloignée de la « Maison Mère » de la rue Bonaparte. Rappelons ensuite que le Bal est un bal à caractère strictement privé où seuls sont admis les porteurs de cartes d’entrée (1).
Ce qui fait la singularité de la montée au Bal est que celle-ci se déroule sur l’espace public et qu’elle donne lieu à des scènes et à des spectacles peu communs dont certains peuvent rappeler les fêtes débridées des saturnales de l’Antiquité romaine, fêtes au cours desquelles les esclaves jouissaient d’une apparente et provisoire liberté et où toutes les excentricités et tous les excès étaient permis.
Au tout départ de cette séquence du Bal, la tradition veut que les élèves se maquillent et se costument dans leurs ateliers respectifs, puis pour certains d’entre eux, aillent dîner dans des restaurants, et cela, avant la fameuse montée qui a lieu après celle de l’athlétique Garde Noire commise au contrôle à l’entrée de la salle du Bal et dévouée également au service d’ordre pendant le Bal (2).
1962 / Thème du Bal : « Les Carnages de Tamerlan » / Extrait du livre « Mémoires d’Outre-Mers » Paris, L’Harnmattan (2005), collection Rue des Ecoles écrit par Philippe MOLLE (3), Président du Bal 1962 :
« [….]. La tradition du Quat’z’arts veut que les élèves se maquillent et se costument dans leur atelier, puis en petits groupes fassent ‟la remontée ”, c’est-à-dire se rendent à la salle du bal à pied, en passant dans les quartier de Paris les plus animés et en se laissant inviter aux tables des cafés et des restaurants. Parfois en s’y installant sans y être invités. Mais que peuvent faire les consommateurs récalcitrants avec des huluberlus presque nus et peints d’un fard qui déteint dès que l’on y touche ? chaque année, certains font irruption en pleine représentation sur la scène de l’Opéra ou d’un théâtre, les gardiens les ayant laissés passer en les prenants pour de figurants. Et évidemment ils s’empressent de montrer leurs fesses aux spectateurs, outrés car croyant que cela fait partie d’une nouvelle interprétation de l’œuvre. »
Extrait d’un article de Raymond CLAUSTRE (5), Président du Bal de 1930 publié dans le Bulletin de la Grande Masse des Beaux-Arts d’octobre 1930 / Thème du Bal : « La Prise de Grenade » :
« [….]. Et voici qu’aux derniers rayons du soleil, bondissant sur la chaussée nue, sont apparus les gardes noirs. A l’aise, heureux de vivre, leur court bâton bien en main, ils courent vers la salle et les cottes de mailles tintent à leurs casques argentés. La foule les regarde, étonnée, elle le sera bien plus tout à l’heure. Là-bas, vers l’Ecole, avant que le soleil n’ait fondu dans la rue Jacob, les 4-Z’Arts sont sortis de terre. Les costumes sont éclatants de couleurs fraîches, tout est magnifique et rutilant. Triomphe d’abandonner pour un soir le costume terne qui gêne aux entournures !Joie de briller de partout, désir du plaisir proche ! On voit des costumes sensationnels, œuvres de patientes soirées ou géniale trouvaille d’un instant d’inspiration. Les 4-Z’Arts, bientôt s’attablent, les casques aux vestiaires, et goutent le plaisir suave de nouer des serviettes blanches à leur cous fardés de frais. Les petits pois semblent attirés au plafond par quelque phénomène magnétique, et que dire de l’affection réciproque des glaces et des camemberts ?…»
On le découvrira en suivant, tous les moyens de locomotion sont bons pour se rendre au Bal : à pied, en taxi, en voiture, en fiacre, en autocar, en omnibus, en tramway, en métro et même à dos de chameau, à cheval, ou sur un âne !
Si les femmes furent admises à l’École des Beaux-Arts au même titre que les hommes à partir de 1898, il demeure qu’elles ne prenaient pas part au Bal autrement que dans sa préparation et n’y assistaient pas, sauf à de très rares exceptions (6), contrairement au Bal de l’École, le « Gala de la Grande Masse », beaucoup plus distingué dans la tenue des participants (7).
L’effectif féminin participant au Bal était composé majoritairement de modèles de l’École mais aussi de modèles d’ateliers d’artistes de Montmartre et de Montparnasse et de « petites amies ».
Aussi pour augmenter l’effectif féminin du Bal, il était courant que les étudiants, lors de la montée, raccrochent et invitent les passantes de rencontre à les accompagner sachant que ces dernières n’étaient pas soumises à la même restriction que les hommes pour pouvoir rentrer au Bal.
La tenue du Bal lui-même et la montée au Bal font l’objet par le Comité d’une demande d’autorisation auprès de la Préfecture de Police sachant que pour la montée au Bal ce sont le Délégué et le Massier de chaque atelier qui sont civilement et pécuniairement responsables de l’ordre sur la voie publique, le Comité n’étant responsable qu’à l’intérieur de la salle.
Le Comité ne manque pas de rappeler chaque année aux participants au Bal, les consignes pour que l’ordre sur la voie publique soit respecté en ce qui concerne la casse et les bagarres et n’oublie pas non plus de rappeler par cette phrase, que l’on retrouve sur le talon de la carte d’entrée que « Le Comité décline sa responsabilité des poursuites que peut entraîner l’exhibition du nu sur la voie publique ».
La police pendant toute la montée au Bal exerce sa surveillance sur les cortèges d’étudiants afin d’intervenir pour stopper les excès de ceux-ci mais pour aussi les protéger d’éventuelles agressions de la foule qui pourra se montrer belliqueuse.
Profitons de cet article pour mettre fin à des écrits que l’on peut lire çà et là, en précisant que le Bal des Quat’Z’Arts qui a eu lieu de 1892 à 1966 (date du dernier Bal) n’a jamais été interdit par les autorités de Police.
Bien que le Bal soit privé et que le Comité ne fasse pas de publicité sur la tenue du Bal, quelques journaux de presse en font avant l’annonce dans leurs colonnes, conscients que de nombreux curieux seront désireux de voir les défilés des ateliers dans la rue mais, aussi et surtout, pour assister à leur entrée au Bal.
Récit sur la montée au Bal / Extraits d’un entretien avec Jack TORTRAT, Président du Bal en 1950 (11), dans le livre « Traces d’Architectes. Éducation et carrières d’Architectes Grand-Prix de Rome au XIX et XXème siècles en France » écrit par Jean-Pierre MARTINON (12) – Paris 2003 – Anthropos – Collection La bibliothèque des formes :
« Les ateliers intérieurs partent des Beaux-Arts, quai Malaquais. Les LEMARESQUIER partaient de la rue Jacques Callot, empruntaient la rue de l’Ancienne Comédie et le boulevard Saint-Germain ; les ateliers étaient plus ou moins regroupés et atteignaient, dans un ordre relatif, les jardins puis le rond-point des Champs Élysée. Les ARRETCHE venaient de la rue du Maine, l’atelier GUTH-BOUTERIN partait de la rue de Buci – du marchand de journaux plus exactement – les ZAVARONI de la rue Visconti et les PERRET de la rue Jacques Callot. Arrivé à la Concorde, le groupement par petites équipes se fait, les anciens et les nouveaux sont ensemble : habituelles plaisanteries et l’échange de bonnes adresses (restaurants, terrasses de café, boites de nuits) se murmurent, puis les groupes se divisent, se scindent selon les affinités tout en restant groupés par ateliers. En 1947-1948 certains sont passés par l’Opéra : cela se disait « faire l’Opéra », il y eut des apparitions mémorables dans les ballets de Serge LIFARD : deux élèves de l’atelier PERRET sont restés coincés dans les ceintres ; cela a mal tourné, une bagarre a éclaté. D’autres passaient par le théâtre de l’Atelier ; on jouait une pièce avec Pierre BLANCHARD qui s’écria : « Messieurs vous attentez à la noblesse du Théâtre ». D’autres passaient par Montmartre afin d’accéder au Coliséum. Ils s’arrêtaient chez Carrère rue Pierre Charon ou au Shéhérazade. Durant la montée on était plus ou moins bien reçu dans les boîtes. On pouvait aussi passer par le restaurant Plazza qui est un restaurant avec une grande terrasse et qui servait surtout des fruits de mer et des langoustes : on volait des langoustes en les cachant dans les boucliers et on mangeait de la mayonnaise afin de ne pas être malade à la fin du bal. Il fallait arriver à quatre ou cinq, passer devant le portier, se faire servir du champagne au bar ; de temps en temps on était invité par les bourgeois : Jean MARAIS nous a invités. Cela se passait plus ou moins bien malgré tout »…[….] …« La montée se faisait de neuf heures du soir à une heure du matin, certains prenaient le métro de la Concorde à Montmartre ou Pigalle pour aller au Coliséum (en face du Cirque d’Hiver) ou bien à l’Élysée Montmartre (à Anvers). La Préfecture de Police était au courant du trajet : il n’y avait pas d’histoire avec les flics sauf un incident en 1946, où quelqu’un a fait cuire un œuf sur la flamme du soldat inconnu. En 1948-1949 il y eut 300 à 400 personnes qui firent la montée, de la rue de Tilsit à la place Wagram, les photographes étaient chassés par la Garde Noire. Les photos étaient interdites à l’intérieur de la salle pendant toute la durée du Bal. »
Article publié dans le quotidien « La Bourgogne Républicaine » du 7 juillet 1948 / Thème du Bal : « Les Aztèques » :
« Nos futurs artistes ont fêté cette fin d’année scolaire avec leur Bal des Quat’z’Arts, malfamé autrefois aux yeux de tous les bourgeois, qui rêvaient néanmoins en secret de pouvoir assister à ces orgies légendaires. L’exposition de l’art précolombien a donné le thème aux déguisements. Ils ont effrayé vendredi soir entre le quai Malaquais et la Salle Waqram pas mal de filles plus ou moins peureuses, prises en chasse par ces diables d’incas en tenue sommaire. Comme toujours, et en bande, ils ont fait irruption dans les cafés et dancings, au grand ahurissement des consommateurs, frustrés en un clin d’œil de leurs apéro. Ils ont réussi un coup de maître : un de leurs groupes a envahi la scène de l’Opéra pendant un ballet de Serge Lifar. Les danseuses ne perdirent pas pour si peu, l’équilibre sur leurs pointes et le divertissement s’est déroulé sans incident. Ils n’ont semé la panique que dans les coulisses où l’on croyait à un rapt catastrophique de quelques ballerines. »
Extrait d’un article de De MALMOE publié dans la revue « Comeodia illustré » du 15 juillet 1911 / Thème du Bal : « Babylone ».
« C’est Babylone et les splendeurs assyrienne qu’ont évoqués cette année les élèves de l’École des Beaux-Arts en leur bal des Quat’ z’Arts. Une Babylone de carton contenue dans l’enceinte de l’hippodrome Skating-Ring, une Assyrie toute d’humour et de goût. Dès 6 heures, des troupes de guerriers vêtus de calicot aux criantes couleurs et coiffés de casseroles toutes empanachées de plumeaux descendent la paisible rue de Rennes, le désert boulevard Raspail et envahissent les restaurants à quarante sous des environs de l’Ecole des Beaux-Arts. Dès 7 heures, ces restaurants retentissent des chants grivois et cadencés qui offusquent les chastes oreilles des rentières du quartier Saint-Sulpice. Dès 9 heures la place Clichy est envahie et l’Hippodrome pris d’assaut ; chaque taxi, chaque voiture dégorge des quantités inusitées de trop gais voyageurs ; des fanfares d’instruments bizarres éclatent de tous côtés tandis que les guerriers arrêtent les autobus et terrorisent les paisibles consommateurs des terrasses des cafés d’alentour ».
Extrait d’un article d’André WARNOD (9) publié dans le quotidien « Comoedia » du 6 juin 1913 / Thème du Bal : « Les Barbares envahissent la Gaule ».
« Avant-hier, les barbares ont envahi Paris. Dès sept heures du soir, une agitation inaccoutumée se manifestait sur la montagne Sainte-Geneviève. De toutes les rues, des êtres hirsutes, vêtus de peaux de bêtes, coiffés de casque primitifs, et brandissant des armes meurtrières surgissaient en hordes farouches, jetant la terreur dans la paisible population parisienne. Il était évident qu’un évènement important se préparait et de sauvages clameurs se répercutaient du Panthéon au boulevard Saint-Germain comme autant de cris de ralliement. Les groupes se rassemblèrent aux vieux Café Procope d’antique mémoire. Là, dans un terrible bruit de ferraille et de hurlements féroces, les guerriers se comptèrent ; puis toute la horde guidée par Attila qui brandissait une tête coupée fixée au bout de sa lance s’ébranla dans la direction de la Seine. L’antique Lutèce qui jadis résista aux Normands tomba bientôt entre leurs mains. Ils ne s’y attardèrent point, et prirent la direction du Mont-Martre. La moderne Babylone s’immobilisa terrifiée à leur passage et ils atteignirent la rue d’Edimbourg ; Tout en haut existe une grande salle qui en temps ordinaire est un skating. C’était là leur but. La horde s’y engouffra. Ce fut long, car elle était nombreuse. De plus, les grands chefs avaient édictés de rigoureuses consignes, afin d’éviter la présence honteuse des bourgeois qu’une malsaine curiosité aurait incité à se transformer en barbares. Cela s’est vu. Certains d’entre eux se permirent parfois d’amener ‟leurs dames ‟. Ils en furent bien punis. On éconduisit le bourgeois, et… l’on garda la dame. Cette scène classique se renouvela hier. De dix heures à minuit, les grands chefs siégèrent. Toutes les physionomies furent inspectées. Malheur à celles qui ne révélaient ni le peintre, ni le sculpteur, ni l’architecte, ni le graveur. Nombreuses furent les expulsions, et maints barbares, de mauvais aloi, durent s’enfuir sous les huées. Car, vous l’avez deviné, il s’agissait du fameux bal des Quat’ z-Arts dont rêvent toutes les jeunes épouses avides de satisfaire leur curiosité.
Extrait d’un article publié dans l’hebdomadaire « L’Opinion » du 18 juin 1921 et intitulé Carnaval en juin / Thème du Bal : « Carthage ».
« Jamais le bal des Quatz-Arts n’avait tant débordé sur la ville ! L’autre vendredi, dès cinq heures du soir, on signala les premiers Carthaginois sur la place de l’Opéra. Ils pullulèrent si vite et si bien que de Montmartre à Montparnasse via l’Ecole des Beaux-Arts, vers sept heures, il n’y eut guère de quartier de Paris qui n’eut sa bande d’imprévus Hurons, chantant, dansant, mimant, apostrophant le peuple des badauds assemblés. Hurons, il faut bien dire qu’ils le semblèrent plus – au moins, hors du bal- que Carthaginois. Et, pas seulement par ce qu’ils avaient de commun dans l’habit, et dans le manque d’habit, avec les sauvages bariolés et débraillés des imaginations enfantines. Et pas seulement parce que, le rencontrant, la digne Mme de Kerkabon eût pu les reconnaître pour autant de neveux de l’ingénu : » il était nu-tête, nu-jambes, les pied chaussés de petites sandales… ” Mais surtout parce qu’ils étaient foncièrement, instinctivement, par leur geste même qui imposait à la rue parisienne un inattendu carnaval d’été. Il est naturel que ce carnaval impromptu ait amusé les uns et agacé les autres. J’ai ouï ces deux phrases banales, issues de deux ouvriers identiques d’aspect et témoins de la même sarabande : ‟Ça fait toujours aller le commerce – Vous n’avez donc jamais rien vu ”. Double cri, extrême et opposé, de l’opinion publique. Sous ces aspects à faire hurler les chiens, les Carthaginois gagnèrent leur Carthage, qui était porte Maillot, par les moyens civilisés : métro, autobus, taxis, camions mêmes, avec stations aux carrefours et aux cafés. L’animation fut grande aux abords de Luna-Park, où les bons badauds parigots semblaient, fort réjouis, coudoyer des acteurs dans la coulisse avec le risque de se tacher aux maquillages. Les acteurs leur en témoignèrent merci en n’entrant pas dans l’exercice sans quelques scènes de trottoir. Il y eut des lazzis, des rondes, des plaisanteries de tout genre, même l’excessif, mais jamais l’ennuyeux. Le tout se passa fort bien, côté rue. Pour l’autre, je ne sais, n’ayant point été Carthaginois. »
Si nous pouvons témoigner en général d’une grande tolérance et d’une grande mansuétude de la part des gens de la rue pour s’amuser des frasques des étudiants lors de la montée au Bal des Quat’Z’Arts, il a souvent cependant été exprimé dans l’opinion publique des désapprobations accompagnées d’épisodes d’ultimes tensions et notamment, on le verra plus loin, pour le Bal 1924.
Retranscription du rapport manuscrit du 17 juin 1924 rédigé par le Brigadier Charles GEUIN à l’attention de Monsieur le Commissaire du 9ème arrondissement de la Ville de Paris à propos des incidents qui se sont produits ce même jour lors de la montée du Bal / Source : archives de la Préfecture de Police de Paris.
« A 21 heures 30 j’étais prévenu qu’un groupe d’étudiants presque nu se trouvait sur les Boulevards. Me dirigeant vers l’Opéra avec le gardien Grassot j’ai rejoint ce groupe place de l’Opéra. Comme la foule était hostile à cause de leur tenue, j’ai invité ces étudiants à monter dans des voitures pour se rendre à leur bal à Luna-Park. Au moment où presque tous avaient pris place en voiture, nous avons été entourés de 4 à 500 personnes qui se mirent à taper avec violence sur les occupants, arrachant un de ceux-ci de la voiture et le frappant brutalement à terre, criant « tuez le ». J’ai dû à ce moment mettre mon révolver à la main pour le protéger. Se relevant, cet étudiant qui se nomme Renaudin Georges (14) élève des beaux arts d : 139 Bd st Michel se sauva et se réfugia à la terrasse du restaurant Viel poursuivi par la foule. Bientôt 500 personnes environ se trouvèrent devant la terrasse menaçant de mort Renaudin. A nouveau pour le conduire à notre poste j’ai dû faire face à la foule le révolver à la main et aidé de Grassot j’ai pris une voiture et ai conduit Renaudin au poste de l’Opéra. Renaudin qui était blessé au nez, à la bouche et à la cuisse droite, après s’être reposé quelques instants a regagné son domicile en voiture en compagnie d’un autre étudiant. La même scène s’est renouvelée à 22 H 30 rue de la Paix. J’ai dû requérir toutes les voitures disponibles pour soustraire à la fureur de la foule une quinzaine d’étudiants qui sortaient du métro Opéra. »
Retranscription d’un texte manuscrit, non signé, sur la montée du Bal / Source École Nationale Supérieure des Beaux-Arts.
« Bal des 4 Z’ARTS – 17 juin 1924. Pour la première fois depuis son existence la Politique est venue troubler le bal des 4’ Z arts. Un article de ‟l’Humanité ” a déclenché le mouvement en arrangeant de présenter le bal comme une insulte des fils de bourgeois aux fils de la classe ouvrière. Résultat : des bandes de communistes ont dans tout Paris cherché querelles aux groupes 4’ Zarts d’où : des disputes, engueulades, bagarres, blessés, et parait-il un type très abîmé d’un coup de couteau. (un architecte de chez Lambert). Notre groupe qui avait dîné place du Tertre a eu à essuyer tant à Montmartre que Boulevard de Clichy les insultes et même des projectiles d’une foule hostile qui avait, comme nous l’avons compris plus tard, reçue un mot d’ordre politique. D’après mes tuyaux, c’est une dispute entre les types du Crapouillot et ceux du Comité des 4’ Z’arts qui aurait été la cause initiale de ces querelles auxquelles la police n’aurait pas été du reste complètement étrangère. »
Du fait des incidents qui se produisirent lors de la montée du Bal de 1924, il n’est pas étonnant de voir que l’année suivante, en 1925, la montée du Bal se fera sous la protection de la Police.
Retranscription d’une note tapuscrite daté du 16 mars 1926 émanant du Cabinet du Préfet – Sous-Direction Administrative-1er Bureau / Source : archives de la Préfecture de Police de Paris.
« Le Bal des 4 Z’Arts est organisé chaque année par les étudiants des Beaux Arts. C’est un bal privé où la présence de personnages costumés de façon hétéroclite et de modèles souvent nus donne lieu à des incidents divers. Mais d’une façon générale l’on peut dire qu’il y a plus de franche gaîté que de vraie pornographie. Différentes associations comme la Société centrale de Protestation contre la licence des rues ont toujours protesté contre ce bal. Le rôle de la Préfecture de Police se borne à empêcher les incidents qui pourraient se produire à l’extérieur soit avant le bal, par des étudiants se rendant au lieu de la fête en tenue trop sommaire, soit le lendemain matin aux premières heures du jour quand ils traversent la ville pour se rendre dans la cour de l’Ecole des Beaux-Arts où a lieu une sorte d’autodafé. En 1924, comme chaque année M. le Directeur de la Police Municipale avait recommandé aux organisateurs de prendre toutes dispositions utiles pour que les étudiants se rendent au bal en auto-cars et autobus loués spécialement de manière que leur tenue ne fasse pas scandale. Contrairement à cette invitation certains étudiants se rendirent sur les boulevards vers 22 heures et manquèrent se faire lyncher par la foule. Pour 1925 il n’a pas été trouvé trace d’un incident qui se serait passé au balcon au Café Procope. Certains étudiants s’étant promenés aux alentours de ce même café en tenue indécente furent conduits au Commissariat de St-Germain-des-Prés. »
Extrait d’un article de Thurlow Merrill PRENTICE (15) publié sous le titre ‟ Quatz Arts – My experience as a Student at the Ecole des Beaux-Arts in Paris 1924-28 ”dans le Journal of the Society of Architectural Historians, volume 44 n°4 décembre 1985. PRENTICE, étudiant américain venu à Paris pour suivre une formation en Architecture à l’École des Beaux-Arts, relate dans cet article son expérience au Bal des Quat’ Z’Arts 1928 , « Les Huns ».
« [….]. Même si les femmes respectables n’allaient pas à ce bal, mes amis français étudiants et moi pensions que ma femme ne devait pas manquer le fameux bal des Quat’z’Arts. Plusieurs m’aidèrent à lui servir de gardes du corps pour assurer sa sécurité. J’avais travaillé à la création de costumes qui nous laissaient assez nus pour être sûrs que nous pourrions entrer au bal et en même temps nous couvraient suffisamment pour assurer la décence. On choisissait en général une époque ou un thème pour les décorations et els costumes. Le thème, cette année-là, était Attila et les Huns. Nous étions déguisés en animaux, Dody en léopard et moi en loup. En utilisant un chapeau pour forme j’avais créé des coiffures assez réalistes, qui nous couvraient le visage. Nous avions le corps peint comme il convenait et nous avions chacun une peau d’animal appropriée à notre choix accrochée à notre heaume et qui nous descendait dans le dos. Cette peau était en tissu bien entendu et assez longue si bien qu’elle pouvait être jetée sur les épaules. Cela ajoutait un peu de mouvement et donnait une certaine allure à un costume par ailleurs élémentaire. Sortir dans les rues de Paris costumés et seul était assez gênant, mais en groupe c’était plutôt amusant. Notre atelier avait choisi un café comme lieu de rencontre pour un dîner de gala costumé. Nous avions raccroché une fille qui mourait d’envie d’aller au bal. Elle portait des vêtements de ville, ce qui ne convenait pas du tout pour la circonstance. Alors nous l’avons fait montée sur la table, nous l’avons déshabillée et lui avons fait un costume pour le bal avec des serviettes du café. Un char à bancs vint nous prendre dans ce lieu et nous sommes tous montés dedans, autant que possible au niveau supérieur. C’est ainsi que nous avons fait route dans les rues de Paris. Sur le parcours, chaque fois que nous passions devant un grand café où il y avait des consommateurs, nous arrêtions le char à bancs, descendions, buvions toutes les boissons qui se trouvaient sur les tables, puis sautions à nouveau dans le char à bancs et redémarrions avant que les gens aient eu le temps de protester. Les protestations étaient rares d’ailleurs, car les patrons de café considéraient que c’était une plaisanterie et c’en était bien une. Je me souviens d’un café, le Maxim’s. J’étais armé d’un gros os de bœuf et, au moment où un homme essaya d’empoigner Doddy, je lui assénai un coup sur la tête. Il portait un chapeau melon qui craqua, à notre plus grande satisfaction. A l’arrivée à la salle Wagram, les costumes que j’avais soigneusement créés nous permirent d’entrer sans être questionnés. »
Extrait de la retranscription du rapport tapuscrit intitulé « Au sujet du Bal des 4’Z’Arts le 29 juin 1928 » daté du 18 juillet 1928 rédigé par René GÉRARD, Commissaire de Police du 8ème arrondissement de Paris/ Source : archives de la Préfecture de Police de Paris.
« Le 29 juin, soir où a eu lieu le bal des 4 Z’Arts à la Salle Wagram, de nombreux groupes à pied, des taxis et des camions découverts transportent des invités ont traversé l’arrondissement. Tous ces gens, hommes et femmes, n’étaient guère vêtus que d’un simple pagne. Le défilé a commencé vers 20 heures ; de nombreux promeneurs parmi les Champs-Elysées et le faubourg Saint-Honoré les ont donc rencontrés. Place Saint-Philippe-du-Roule, une trentaine d’hommes teints en noir et uniquement vêtus de d’une légère bande d’étoffe ont traversé la place vers 20h30 en menant grand tapage. Vers 22 heures, une cinquantaine d’étudiants d’architecture, tout aussi légèrement vêtus, qui passaient faubourg Saint-Honoré ont tenté de s’asseoir sur le trottoir devant la grille d’honneur du Palais de l’Elysée ; mes gardiens les ont chassés tout aussitôt. Vers 23 heures, une cinquantaine d’artistes, hommes et femmes, passaient à pied avenue Gabriel en faisant du bruit ; le service spécial placé sur l’avenue les a invités à rejoindre la Salle Wagram par les voies les plus rapides. Vers la même heure, un autre groupe est entré au « Lido » avenue des Champs-Elysées et y sont restés environ une demi-heure. Il n’y a eu aucune réclamation dans cet établissement. Par contre plusieurs protestations ont été formulées par des passants et des habitants des voies parcourues par ces fêtards qui ont causé un certain tapage jusque vers minuit. »
Extrait du livre (pages 153) de BRASSAÏ (18) intitulé « Le Paris Secret des Année 30 » (1976), GALLIMARD Éditeur :
« Le grand moment de la journée était la fameuse « montée » : la traversée de Paris de la rive gauche à la rive droite, de la rue Bonaparte jusqu’à la l’avenue de Wagram. Certains groupes suivaient les quais, d’autres, le boulevard Saint-Germain. Passant par la place de la Concorde, ils remontaient l’avenue des Champs-Elysées. Images insolites que ces hordes barbares et dénudées, passablement ivres, envahissant les cafés de cette avenue, embrassant les femmes à l’ahurissement général et à la grande frayeur des étrangers non prévenus. Les parents d’un jeune Anglais de mes amis qui n’étaient jamais venus à Paris, et qui désiraient y séjourner une semaine, y arrivèrent juste le jour du Quat’ z Arts. Ils descendirent dans un hôtel de la rue Bonaparte. Quand ils en sortirent, une bande s’ébattait, braillait, gesticulait devant l’hôtel. Les Anglais se sont toujours méfiés de Paris, ce « mauvais lieu » de la débauche, de la luxure et de la perversion ; mais, ce jour-là, Paris dépassait donc tout ce qu’ils avaient imaginé ! Assiégés, ils furent si effrayés par tous ces énergumènes, si choqués, si scandalisés par tous ces seins, mollets, fesses et poitrails exhibés, que sans même défaire leurs valises, ils repartirent sur-le-champ pour Londres, jurant de ne plus jamais remettre le pied dans cette ville de déperdition, vouée au diable… »
Retranscription du rapport tapuscrit daté du 22 juin 1935 rédigé par M. POIRSON, Commissaire de Police du 14ème arrondissement de Paris adressé à Monsieur le Commissaire Divisionnaire Chef du 8ème District / Source : archives de la Préfecture de Police de Paris :
« Il s’agit du bal des « QUAT’ ZARTS », qui a eu lieu le 12 juin dernier. De 19 heures 45 à 22 heures, des groupes de jeunes gens ont circulé sur le Boulevard Montparnasse, se rendant à la salle Wagram. Les gardiens FERRANDOU (Clément, Pierre, Louis) et SERENI (Don, Jacques) qui assuraient leur service devant le café « Lavenue » (20) ont déclaré qu’à un moment un de ces jeunes gens porteur d’une longue barbe postiche avait, pour allumer sa cigarette, demandé du feu à un consommateur qui se trouvait à la terrasse de cet établissement ; à cet instant là la barbe a pris feu, mais elle a été immédiatement jetée dans le caniveau où elle s’est éteinte. Ils n’ont pas eu à intervenir et n’ont reçu aucune plainte. Le gérant du café « Lavenue » a déclaré que cinq ou six jeunes avaient ont pénétré à l’intérieur de l’établissement dont ils ont fait le tour, buvant de ci de là, le verre d’un client ou lui prenant une cigarette. Il a ajouté que la plupart des consommateurs avaient l’habitude de ces choses là et qu’aucun d’eux ne s’était plaint. »
Retranscription d’un courrier manuscrit daté du 13 juin 1937 écrit par un dénommé Bertrand FAURE adressé à Monsieur le Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts / Source : Bibliothèque Nationale de Pierrefitte-sur-Seine – Cote AJ 52/910 (consultée le 4 août 2016).
« Monsieur le Directeur, Je dinai avant-hier soir dans un restaurant des Champs-Elysées (le Florian, pour être précis) en compagnie d’amis étrangers de passage à Paris, lorsque des élèves de votre Ecole y firent assez….sauvagement irruption, vêtus, ou plus exactement dévêtus comme vous savez. S’ils s’étaient bornés à se promener entre les tables, voire à pousser des hurlements, la plaisanterie eut encore été supportable. Mais lorsque je les vis porter leurs mains noires de suie sur les visages et les vêtements des consommateurs des deux sexes, sur les vestes blanches des garçons, vider verres et carafes à leur portée, et faire enfin mains basse sur les fruits, tartes, disposés sur le dressoir, il me semble qu’ils dépassaient vraiment la mesure et je vous avoue que j’étais bien décidé, pour ma part à réagir vigoureusement si l’on avait touché l’un de mes amis ou moi-même. Auprès des étrangers, courageux ou mal informés, qui se hasardent actuellement à visiter Paris, le prestige français est suffisamment mal assuré par l’abject gouvernement JOUHAUX-BLUM, le coût insignifiant de la vie, le retard de l’Exposition ainsi que nombre d’horreurs que l’on y peut voir, les conflits sociaux, et les Champs-Elysées en état de siège à l’heure où de bons français vont ranimer la Flamme sous l’Arc de Triomphe. Toutes choses à quoi, à mon très humble avis, vos élèves auraient vraiment pu se dispenser d’ajouter cette année leurs incongruités. Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’assurance de mes sentiments les plus distingués. »
Extrait d’un article publié dans l’hebdomadaire « France Hebdo» semaine du 6 au 12 juillet 1948 et intitulé Sous le signe Aztèque…Les 4-Z’Arts ont fait trembler Paris / Thème du Bal : « Les Aztèques » :
« Le temps se montra clément pour les étudiants et dès 18 heures, vendredi, les premiers groupes peinturlurés, enluminés, casqués, quittaient l’école quai Malaquais. A 18h.45 fanfare en tête, la Garde noire donnait le signal officiel du départ. Le café de l’Univers, place du Palais Royal, supporta le choc de la première vague d’assaut. Cependant, devant l’Ecole des Beaux-Arts, une foule dense qui attendait encore, reçue le contenu de quelques seaux (d’eau) généreusement distribué du haut de la terrasse par des élèves facétieux ! De 20 heures à 24 heures, les bars des Champs-Elysées reçurent des visites intempestives, peut-être, mais qui firent la joie des promeneurs. Le peintre La Martinière sonna de la trompette en l’honneur de ses collègues écossais, John Miller et John Aiken, en visite à Paris ; deux ou trois photographes de presse furent malmenés, barbouillés de noir… Mais si la presse se plaignit des Quat’z-Arts, les Quat’z-Arts se plaignent de ‟l’esprit de ch… ” qui sévit dans la capitale de nos jours. Le Dupont des Ternes, le Georges-V, le Français, le Colisée, se montrèrent accueillants, mais Paul Mar, un peintre, reçut un coup de barre de fer au Marignan ; on ferma les portes au Lido, au Maxim’s et on vida proprement les Quat’z-Arts au Tabarin !Une horde envahit l’Opéra et chanta ‟Le Pompier ” en haut du grand escalier, une autre pénétra dans le Théâtre de la Madeleine surprit Elvire Popesco et Francen au lit (sur scène) et interrompit le spectacle sous les applaudissements de sympathie des spectateurs. Un groupe franc monta jusqu’à Montmartre épauler Marsac à la Lune-Rousse… Paris tremblait ! Dans la salle Wagram, à minuit, toute la gent Quat’z-Arts s’était enfin rassemblée. »
« Le traditionnel Bal des Quat’z Arts, dont le thème était cette année ‟La Reine de Saba” a eu lieu hier soir dans une salle de la rive droite. On s’y est livré aux chahuts et aux plaisanteries d’usage… La représentation du théâtre des Champs-Elysées fut un instant troublée par l’intrusion de quelques étudiants qui poussèrent des cris sauvages et se retirèrent avant l’arrivée de la police. A minuit on signalait un autre groupe de Quat’z Arts jouant du cor à la terrasse d’un grand café, place de l’Opéra. »
Article publié dans le quotidien « L’Intransigeant » du 27 mai 1951 et intitulé Sous la pluie / Thème du Bal : « Salammbô, Le Festin des Mercenaires » :
« Tout près de Médrano au Coliséum, les Quat’z’arts avaient de leur côté leur bal traditionnel. Dans leurs extravagants costumes bariolés, les jambes passées au minium, ils tentèrent bien à un moment d’envahir le cirque des avocats, mais la police, avec tact, sut éviter la rencontre. Quelques incidents se produisirent à la sortie : bouteilles cassées dans des cabarets, notes impayées et même chahut d’une passante, avenue de l’Opéra. Le sac de la dame fut kidnappé avec son contenu. Plainte, enquête, etc. Ce qui n’empêcha pas les bruyants garçons de patauger joyeusement jambes nues dans les flaques et sous la pluie… »
Extraits d’un entretien du 4 décembre 2013 dirigé par Isabelle CONTE (22) avec Jacques NOIZETTE (23) à propos de la montée du Bal / Source : Thèse de Doctorat d’Isabelle CONTE du 18 mars 2021 intitulée « Le Bal des Quat’Z’Arts (1892 – 1966). Quand la célébration de l’esprit d’atelier devient œuvre d’art » (dans partie ANNEXES/ENTRETIENS, page 100 et page 106) :
« [….]. Raymond Müller (24) était notre relais. On déterminait des parcours que l’on ne respectait jamais, parce que c’était impossible. La remontée était anarchique mais se faisait quand même par ateliers. On partait à une douzaine, quinzaine de l’atelier. Il fallait aller de ce point-là à ce point-là, l’atelier restait groupé. Les ateliers ne prenaient pas le même itinéraire. Il y avait des points importants mais qui dépendaient du lieu du bal. Le parcours était nécessairement différent. C’était par exemple aller faire un tour aux ‟Deux Magots” ou ‟La Coupole”. A la ‟Coupole”, nous avions une table qui était prévue, avec de quoi boire, c’était prévu. Parfois, il fallait prendre le métro, nous devions arriver avant minuit ou quelque chose comme ça, le bal avait lieu à la Porte de Versailles, on était charrette, comme on dit, alors nous avons pris le métro. J’en parle dans mon livre parce que c’est un souvenir pour moi. C’était le bal ‟Les Khanal-Hari massacrées” (1959), j’étais déguisé en noir avec de grandes lances. Il fallait donc mettre au point les parcours avec Raymond Müller à la Préfecture de Police. Parfois un car nous suivait, les relations avec la police étaient très bonnes. Maintenant ce ne serait plus le cas, imaginez : vous arrivez à la terrasse d’un café sur les grands boulevards prendre les consommations des gens, il y aurait trop d’étrangers qui ne comprendraient pas ce que c’est. C’était le folklore du carnaval ! Les gens généralement le prenait bien, c’était très rare les incidents. La police n’avait généralement pas à intervenir. [….].Dans les rues ils (les Quat’Z’Arts) ne dansaient pas, c’était de la cavalcade. De la cavalcade avec des stations dans les bistrots ouverts et sur les terrasses du mois de juin. C’était uniquement de la cavalcade, de la course. On pouvait entrer dans les cinémas, une année on est entrés dans le Paramount. On y jouait « la Tunique”, donc comme par hasard on est passés en hurlant sous l’écran. A cette époque-là, il y avait des estrades pour les spectacles. Il n’y avait qu’un seul cinéma mais c’était une énorme salle de Paramount. Maintenant il n’y a je ne sais pas combien de salles. On est entrés par la sortie de secours et les gens ont cru que c’était une attraction, alors ils ne se sont pas offusqués. On était habillés presque pareil. Je ne sais plus à quel bal s’était. Alors il y a eu, mais ça c’était plus ancien, des élèves qui sont rentrés dans la salle de l’opéra. Ça a fait des histoires, mais des histoires qui ne terminaient pas devant des tribunaux. Il n’y avait pas de procès. »
1962 / Thème du Bal : « Les Carnages de Tamerlan » / Extrait du livre « Mémoires d’Outre-Mers » Paris, L’Harnmattan (2005), collection Rue des Ecoles écrit par Philippe MOLLE (3), Président du Bal 1962 :
« [….]. Voulant donner un lustre particulier à ce bal, j’ai prévu plusieurs nouveautés. D’abord un défilé du Comité à cheval dans Paris, depuis l’Ecole quai Malaquais jusqu’au Parc des expositions porte de Versailles où nous avons pu louer pour pas cher un hall. Selon la tradition nous sommes presque nus, peints en orange qui est la couleur réservée au Comité et coiffés d’énormes casques au grand étonnement de tous les badauds. »
1963 / Thème du Bal : « L’Ost Franc reçoit la Mirifique Ambassade d’Aroun Al Rachid » / Extrait du livre « Mémoires d’Outre-Mers » Paris, L’Harnmattan (2005), collection Rue des Ecoles écrit par Philippe MOLLE (3) :
« [….]. Nous confectionnons des costumes pour les trente élèves de l’atelier qui y viennent et je me fabrique un énorme casque dans lequel j’emprisonne quatre colombes. Je loue le même dromadaire que l’an dernier et nous faisons une « remontée »remarquée à travers Paris, d’autant plus que je tiens à la main une couleuvre vivante qui terrorise les clientes des cafés et restaurants où nous nous arrêtons. »
1966 / Thème du Bal : « Orbite sur Uranus » / Extrait du livre « Mémoires d’Outre-Mers » Paris, L’Harnmattan (2005), collection Rue des Ecoles écrit par Philippe MOLLE (3) :
« [….]. Nous confectionnons des costumes de grands insectes fantastiques. Le mien est une sorte de gigantesque libellule, dont la tête est garnie d’antennes de trois mètres de haut, faites avec deux cannes à pêches et des pots de yaourt enfilés. La gueule est prolongée par un long tuyau relié à l’intérieur du cou à ma bouche, comme une trompe, que ma future femme, Marie-France, pendant « la remontée », dans Paris, trempe dans les verres des clients installés aux terrasses des bistros. J’aspire, le verre se vide d’un coup, si j’aime, j’avale, sinon je recrache et le verre du client se remplit aussitôt d’un liquide moussant. Surprenant ! Pour pouvoir entrer dans le célèbre restaurant « La Coupole », boulevard Montparnasse, il me faut me courber en deux pour que mes antennes passent dans le sas d’entrée. Et à l’intérieur, succès garanti auprès des consommateurs médusés. »
La montée au Bal s’achève avec l’entrée de chacun des ateliers à l’intérieur de la salle.
Afin d’éviter tout embouteillage, synonyme de grande pagaille, il fut établi, vraisemblablement à partir des bals des années 1920, qu’au moins une semaine avant le Bal le Comité fixe par tirage au sort l’heure d’arrivée de chaque atelier. Celle-ci s’étire d’environ de 21H/21H30 à Minuit. Les portes sont fermées sans rémission à 1H00 et tant pis pour les retardataires ; plus personne ne peut ni rentrer, ni sortir jusqu’à cinq-six heures du matin.
Cette entrée des ateliers dans la salle du Bal attire une foule considérable de curieux voulant assister à la procession tout en s’amusant également des expulsions faisant suite au contrôle strict exercé à l’intérieur par le Comité.
Les services de Police sont bien-sûr omniprésents autour de l’entrée de la salle pour protéger le cas échéant les élèves travestis et pour prévenir tout incident parmi la foule.
Extrait d’un article de Georges DANEL publié dans le quotidien « Le Français » du 28 avril 1902 / Thème du Bal : « Bal Antique » :
« Certains médecins ordonnent à leurs malades des cures d’air, de lait, d’eaux minérales, et pour cela les expédient, dans les Alpes, en Normandie, à Vichy, mais s’il venait à l’un d’eux l’idée d’ordonner une cure de gaieté, c’est incontestablement au bal des Quat z’-Arts qu’il enverrait ses clients. Depuis dix ans, j’ai assisté à chacun de ces bals, et jamais il ne m’a été donné de rire comme en celte nuit du 25 au 26 avril. L’invitation, qu’avec un soin jaloux M. Froment, le sympathique président du comité, ne distribuait qu’à bon escient, portait cette indication : Le costume est de rigueur et doit se rapporter à la période antique. Rome et la Grèce exceptées. Le choix d’un travestissement était donc borné entre l’Inde, l’Egypte et les Gaules. Aussi, dès neuf heures et demie, les cafés voisins de la place Blanche regorgeaient-ils d’individus aux bras et aux jambes nus, au torse recouvert de peaux de bêtes, ou bien revêtus de somptueuses robes de brocart étincelantes d’or et de pierreries, tandis que, sous un chaud manteau d’hiver, nombreuses étaient les jolies filles, Eves modernes, n’ayant pour tout costume qu’une fleur dans les cheveux. Malgré la pluie qui n’a cessé de tomber entre dix heures et minuit, une foule considérable de curieux stationnait devant le Moulin-Rouge, amusée par ce déploiement de luxe et de fantaisie, envieuse, au fond, de voir ces heureux de la vie disparaître sous la voute de ce palais enchanté. »
Extrait d’un article de Claude PIERREY publié dans le quotidien « Paris Soir » du 13 juin 1927 / Thème du Bal : « Les Khmers » :
« [….]. La foule est là : la brave foule avide, curieuse, étonnée, pressée par un cordon d’agents placides. Insensibles aux cris, aux protestations, au vacarme étourdissant des cornes d’auto et des klaksons, au mugissement des trams, houspillée, écrasée, la foule est satisfaite. Elle restera là des heures, guetteuse insatiable, contente de voir le prélude de ce bal fameux auquel elle ne saurait assister. De temps à autre, une trouée. De grands diables débraillés, demi-nus, excités, hilares, jouent des bras et des coudes, poussant devant eux des petites amies ou des compagnes de hasard, recrutées un peu partout, déshabillées en hâte et qui se laissent entraîner par goût du risque, de l’aventure, de l’inconnu… »
Rapport de Police tapuscrit du 8 juin 1937 du Commissaire de Voie Publique au Directeur Général de la Police Municipale pour demande de renfort / Source : archives de la préfecture de police de Paris :
« Vendredi 11 courant le bal des 4 Z’ARTS aura lieu Salle Wagram ; les entrées commenceront à 21 heures 30 et prendront fin vers une heure du matin. En vue de maintenir le public très nombreux aux abords, je demande le même service que les années précédentes soit 80 gardiens de renfort à 21 heures poste de la rue de l’Etoile qui seraient relevés à minuit par gardiens cyclistes des lettres N. Ces derniers seront envoyés dans leurs Arrondissements dès que l’entrée sera terminée. »
Chaque atelier rentre groupé autour de son Délégué qui se présente en tête.
Sous le contrôle du Comité, le Président en tête, et avec l’assistance du Capitaine et d’une quinzaine d’autres Garde Noirs, a lieu, sitôt l’entrée passée dans la « chicane », un filtrage simultané des costumes et des cartes d’entrée, sachant que seul le talon de la carte d’entrée homme est exigé à l’entrée individuellement. Il est d’usage que les « Michés » passent, aussitôt après le Délégué d’atelier, avant les élèves des Ateliers.
Il s’agit d’exclure les costumes insuffisants ou ne rentrant pas dans l’esprit « Quat’Z’Arts » et d’exclure également les personnes étrangères à l’École des Beaux-Arts, « les bourgeois arrogants, les cons et les journalistes qui pensent qu’on rentre au 4’Z’arts comme dans un moulin. » (26).
Le Président du Comité décide sans recours des expulsions. Ainsi chaque type entrant au bal subit un interrogatoire et le Président décide s’il est admis ou non. Dans ce dernier cas, il est saisi par le Capitaine, puis par les Gardes Noirs et est expulsé jusqu’au trottoir avec, normalement, le maximum de rapidité, mais sans brutalité pouvant blesser ce qui entrainerait l’intervention de la Police et créerait pour les membres du Comité des problèmes.
Extrait d’un article de L.H. publié dans le quotidien « Comoedia » du 15 juillet 1920 / Thème du Bal : « L’Egypte » :
« [….]. Il n’est pas facile pour les profanes de pénétrer au bal des Quat’-Z’Arts. Les ateliers désirent avec raison que leur fête demeure privée et ne délivrent que parcimonieusement les belles cartes évocatrices dessinées cette fois par l’excellent peintre Labbé (Nota : il s’agit en réalité d’un élève architecte). Encore faut-il, malgré cette carte, pouvoir franchir le redoutable contrôle qui vérifie non seulement l’identité de l’invité, mais encore sa tenue. Lundi soir, tout ce qui n’était pas égyptien était impitoyablement refusé ; tout personnage, enfin, qui ne savait répondre à un questionnaire hermétique se voyait soudain reconduire assez vivement jusqu’à la porte. C’est un vieil usage contre lequel il serait malséant de protester. Et la joie de celui qui a triomphé des pièges subtils tendus par les joyeux cerbères n’est que plus délirante. »
Extrait d’un article de Raymond MÜLLER (24) publié dans le « Bulletin de la Grande Masse des Beaux-Arts » de juillet 1927 / Thème du Bal : « Les Khmers » :
« [….]. Et pendant que, dans la salle tumultueuse, les Ateliers arrivaient et prenaient les loges d’assaut, à la porte, M. Lalaut, commissaire divisionnaire, à qui nous devons ainsi qu’à ses collaborateurs, toute notre reconnaissance, dirigeait le service d’ordre. Le public, un bon public parisien, assistait avec sympathie aux péripéties du contrôle. Néanmoins, par instant, le Comité fut débordé. Mais dans la confusion, les cris et les bousculades, c’était encore miracle de voir sortir très régulièrement avec quel brio, le pauvre miché reconnu, dépouillé de sa couronne de zinc doré et de faux diamants, que cet idiot avait loué chez un costumier du boulevard comme un casque très khmers et aussi très cher. [….]. A minuit quarante-cinq, tous les Ateliers étaient rentrés, la grande fête commençait. »
Extrait d’un article de Raymond CLAUSTRE (5), Président du Bal de 1930 publié dans le Bulletin de la Grande Masse des Beaux-Arts d’octobre 1930 / Thème du Bal : « La Prise de Grenade ». Le bal a lieu au Parc des Expositions de la Porte de Versailles :
« […] Cependant la nuit est venue, les cuivres sonnent dans Vaugirard, et déjà la foule se presse vers l’entrée (trop sombre d’ailleurs). La chicane fonctionne : on admet, on rejette, on passe « à la couleur ». Cette noble institution a pour but d’inciter les gens à se peindre pour rehausser encore l’éclat fantastique du Bal, et elle sert aussi à punir ceux qui font parfois preuve, pour leur costume, d’un manque d’imagination navrant. En général on s’y soumet de bon cœur ; pour certains c’est une attraction : tel ce vaillant comitard qui pris dans l’engrenage, fut, avant eu le temps d’ouvrir la bouche, oint de la tête aux pieds, et d’andalou fait nègres… Il put ensuite décliner ses qualités ! Et lorsque le dernier Sarrazin, ou le dernier Aragonais, eut passé le seuil, la salle depuis longtemps en folie, offrait un spectacle magnifique. »
Extrait d’un article de Robert de THOMASSON (27) publié dans le quotidien « Marianne » du 20 juin 1934 / Thème du Bal : « Les Vikings » :
« [.] Après l’habillage et le maquillage à l’atelier, le dîner dans un petit restaurant voisin de l’Ecole, ce fut le long des quais, puis des Champs-Elysées, aux chants du « pompier », la marche triomphale vers la salle Wagram. On « vidait » ferme, en effet. Rarement les « gardes noirs », préposés, à l’entrée du bal, à la vérification des cartes et à l’examen des candidats s’étaient montrés aussi pointilleux. La « chicane » sévissait avec rigueur, et quiconque se montrait insuffisant dans la description de la gueule de son patron ou se révélait ignorant de la « melpo » (salle des expositions de l’Ecole), de la « charrette » (rendu de projet), ou de la « masse » (trésorerie de l’atelier) se voyait impitoyablement refoulé par les farouches gardes noirs. Un mystérieux coup de sifflet, un cri : « Une loge pour monsieur ! », qui faisait déjà s’épanouir sur le visage de l’intéressé un sourire de satisfaction et le candidat recalé était rendu au trottoir de l’avenue Wagram et voué aux lazzi du populaire, voire même des représentants de l’ordre. »
Récit sur l’entrée au Bal / Extraits d’un entretien avec Jack TORTRAT, Président du Bal en 1950 (11), dans le livre « Traces d’Architectes. Éducation et carrières d’Architectes Grand-Prix de Rome au XIX et XXème siècles en France » écrit par Jean-Pierre MARTINON (12) – Paris 2003 – Anthropos – Collection La bibliothèque des formes :
« Pour entrer au bal, il y avait des chicanes formant un corridor de 80 centimètres de large et de 7 à 8 mètres de long avec des portillons en bois ; au bout, un guichet gardé par le président et le vice-président. A chaque portillon un membre du comité surveillait le bon déroulement des opérations de contrôle. Quinze gardes noirs étaient présents ; chaque entrant, dans la cohue des resquilleurs, présentait sa carte, était questionné et de temps en temps viré : cette cérémonie d’introduction dans la salle était réservée aux hommes et aux Michets ; les femmes rentraient habillées en « ville » comme Cécile Sorel (28) – mais passaient directement aux vestiaires où elles étaient déshabillés par les gardes noirs sous la vigilance d’un membre du comité, puis costumées selon le thème de l’année. »
Notes de bas de page
- Le Bal est financé en grande partie par les élèves des différents ateliers avec l’achat des cartes d’entrée. Celui-ci est également financé par des dons faits, soit par des Anciens, soit par des institutions diverses. Voir l’article « Préparation et organisation du Bal ».
- Concernant la Garde Noire, voir l’article « La Garde Noire ».
- Philippe MOLLE (lien vers biographie)
- René PERREY (1891-1969). Diplômé de l’École spéciale d’architecture en 1910, élève à l’École des Beaux-Arts dans l’atelier libre d’Architecture DEFRASSE, admission en 1910, 1ère classe en 1913, diplômé en 1919.
- Raymond CLAUSTRE (lien vers biographie)
- Raymonde PAGÉGIE (lien vers biographie), née le 12 mai 1923, fait figure d’exception dans la mesure où cette dernière fut membre de 1951 à 1953 du Comité d’organisation du Bal. Lors d’un entretien (29/07/2012), Raymonde me raconta qu’elle fit, avec l’atelier officiel d’Architecture EXPERT, la montée du Bal de 1947 à dos de chameau (thème du Bal : Haroun Al Rachid).
- Concernant le « Gala de la Grande Masse ».
- Albert GUILLAUME (lien vers biographie).
- André WARNOD (lien vers biographie).
- Concernant les deux ateliers partant de Montparnasse, dont il est question dans le courrier du Directeur de la Police, il s’agit de l’atelier libre d’architecture GROMORT et de l’atelier libre d’architecture RECOURA.
- Jack TORTRAT, Président du Bal 1950.
- Jean-Pierre MARTINON (1938-2008) Docteur en Philosophie et docteur d’État en Lettres et Sciences humaines. Professeur de sociologie à à l’Unité Pédagogique d’Architecture n°4 (U.P.A.4) puis à l’École d’Architecture de Paris-Conflans. C’est dans cette école que MARTINON rencontrera TORTRAT alors enseignant dans l’atelier CHAUVIN.
- Georges HAUTOT (1887 – 1963) Peintre, dessinateur, illustrateur et caricaturiste. Il collabore comme illustrateur dans de nombreux journaux populaires dont « Le Matin », « Le Rire », « Le Journal », « L’Œuvre », « Excelsior ».
- Georges RENAUDIN (1902 – 1994) Élève en Architecture à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier libre LALOUX, admission en 1921, 1ère classe en 1924, diplômé en 1929.
- Thurlow Merrill PRENTICE (1898-1985) Élève en Architecture à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier libre LALOUX, admission en 1925, 1ère classe en 1926, diplômé en 1928. 1ère Médaille et 1er Prix Rougevin à titre étranger en 1928.
- Georges OMER pseudonyme de Roger VAILLAND (1907-1965) Romancier, essayiste, journaliste.
- Roger FÉRAL, pseudonyme de Roger Boris LAZAREFF (1904 – 1964) Journaliste, écrivain, scénariste et auteur dramatique à succès. Jean CHIAPPE (1878 – 1940), dont il est question dans l’article du quotidien « Paris Midi » du 7 juin 1931, est Préfet de Police de Paris de 1927 à 1934. Jean ZAY (1904 -1944), dont il est question dans l’article du quotidien « Paris Midi » du 24 juin 1939, est un avocat et homme politique français. Grande figure du Front Populaire, il est à l’origine de très nombreuses réformes qui ont largement inspiré notre système éducatif. Poète, franc-maçon, il restera Ministre de l’Education Nationale de juin 1936 à septembre 1939. Assassiné par des miliciens le 20 juin 1944. Les cendres de Jean Zay sont transférées au Panthéon le 27 mai 2015.
- BRASSAÏ, pseudonyme de Gyula HALÁSZ (1899 – 1984) Hongrois naturalisé français, photographe, peintre, sculpteur. Le livre « Paris Secret des Année 30 »est un album de 130 photographies de Paris la nuit dans ses aspects les plus insolites et les plus secrets commentées par BRASSAÏ lui-même.
- Jean DURTAL est le nom de plume de Marie-Charlotte SANDBERG-CHARPENTIER (1905 -1999), Poétesse, romancière, journaliste, femme de lettres.
- Le café restaurant « Lavenue » 1, rue du Départ – 68-70 boulevard de Montparnasse était situé à l’angle de la rue du Départ, du boulevard Montparnasse et de la place de Rennes (appelée depuis 1951 place du 10 juin 1940). Celui-ci fit faillite en 1937. On y trouve à la place aujourd’hui un restaurant « Hippopotamus » et un cinéma « Gaumont Paramount ».
- François-Jean ARMORIN (1923 – 1950) Journaliste, écrivain.
- Isabelle CONTE (voir glossaire http://4zarts.org/glossary).
- Jacques NOIZETTE (lien vers biographie).
- Raymond MULLER (lien vers biographie). Architecte divisionnaire honoraire de la Préfecture de Police de Paris, Raymond MULLER, dont les services rendus à la P.P. furent appréciés, garda de bons contacts avec la hiérarchie de la Préfecture ce qui lui permit de faire l’intermédiaire entre les organisateurs du Bal et les autorités de police.
- Léon MALAQUAIS, pseudonyme de Michel VINCENT (1928-2017), Élève en Architecture à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier officiel LECONTE puis dans l’atelier officiel BEAUDOIN, admission en 1948, 1ère classe en 1953, diplômé en 1957, il est le Président de la fanfare des Beaux-Arts » Léon Malaquais ». Un évènement unique et très particulier aura lieu lors du Bal des Quat’Z’Arts 1961. Une bonne partie de la Fanfare Léon Malaquais, alors en représentation à l’Olympia dans le spectacle « Jour de Fête » de Jacques Tati, s’éclipsera de l’endroit pour participer au Bal (sans y jouer ; un orchestre professionnel était chargé de l’ambiance musicale). Sur la photographie présentée, on voit « Le Maître », Léon Malaquais, avec son casque « L’aigle double » (clin d’œil au morceau du même nom joué par la Fanfare) à la tête de ses troupes Olympiennes descendant la rue Caumartin devant le Bar Romain et s’apprêtant à monter à l’assaut du 4’Z’Arts qui a lieu dans la salle du Lancry Aréna au 13 rue de Lancry à Paris (75010).
- Extrait du feuillet distribué par le Comité, à partir de 1946, à chacun des Gardes Noirs.
- Robert de THOMASSON (?-1958), Journaliste, auteur de romans policier, critique de cinéma pour la revue « Pour vous » (1928-1940).
- Cécile Émilie SEURRE, dite Cécile SOREL (1873-1966), Comédienne.